Le point de l’actualité de la semaine : 21/2022

A la une aujourd’hui :

​​Que nous apprend la recherche sur l’armée de l’air et de l’espace ? Entretien avec J . de Lespinois (Diploweb, Jérôme de Lespinois, Pierre Verluise)

Quelles ont été les principales étapes de la quête d’indépendance de l’armée de l’air ? Il se dit que l’arme aérienne serait intimement liée à l’échelon politique, est-ce que cela se vérifie historiquement ? Quel est aujourd’hui le rôle de l’armée de l’Air et de l’Espace dans l’acquisition du renseignement ? Le lieutenant-colonel Jérôme de Lespinois répond aux questions de Pierre Verluise pour Diploweb. Il vient de diriger la « Nouvelle Histoire de l’armée de l’Air et de l’Espace », éd. Pierre de Taillac.

Pierre Verluise (P. V.) : L’histoire de l’armée de l’air et de l’espace a fait l’objet de relativement peu d’ouvrages. Comment expliquez-vous cela et qu’apporte cette «  Nouvelle Histoire de l’armée de l’Air et de l’Espace » à l’historiographie actuelle ?

Jérôme de Lespinois (J. d. L. ) : Il est vrai que cette « Nouvelle histoire de l’armée de l’Air et de l’Espace » succède par son ampleur, son caractère collectif, sa rigueur universitaire et le nombre de ses illustrations à l’ « Histoire de l’aviation militaire française » publiée en 1980 chez Lavauzelle. Mais il ne faut pas minorer l’apport d’autres travaux intermédiaires, en particulier ceux conduits par les chercheurs du Service historique de l’armée de l’air pendant cet intervalle de temps. En fait, ce nouvel ouvrage cristallise l’état actuel de la recherche à un moment où l’accumulation récente de connaissances, grâce en particulier à l’aboutissement de plusieurs thèses importantes, rendait nécessaire une nouvelle synthèse. Il intervient d’ailleurs à un moment particulier où les historiens comme d’autres observateurs sentent bien que le monde bascule à nouveau et que le cycle ouvert par la fin de la Guerre froide laisse la place à une autre séquence où la place de l’outil militaire sera sans doute bien différente.

Enfin, cet ouvrage symbolise la vitalité de la recherche autour de cet objet constitué par le fait aérien militaire puisque 56 contributeurs ont participé à la rédaction du livre. Il est de plus illustré par plus de 750 photos et des œuvres de peintres de l’air. Ce qui permet de reconstituer des cadres et des ambiances. Une infographie complètement nouvelle offre enfin une représentation graphique de certaines données.

Mais pour revenir au nombre d’ouvrages sur l’histoire de l’armée de l’air, il faut relativiser cette rareté. Si la marine française a inspiré davantage d’historiens (Jean Meyer, Rémi Monaque, Philippe Masson, ou le britannique Ernest Harold Jenkins pour les ouvrages récents), il n’existe pas de synthèse sur l’histoire de l’armée de terre depuis ses origines si l’on admet bien entendu qu’elle se distingue de l’histoire de l’armée française.

https://www.diploweb.com/Que-nous-apprend-la-recherche-sur-l-armee-de-l-Air-et-de-l-Espace-Entretien-avec-J-de-Lespinois.html

 

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La France muscle sa posture en Roumanie (FOB, Nathan Gain)

Un système de défense sol-air MAMBA de l’Armée de l’Air et de l’Espace est arrivé en Roumanie le 16 mai. Il vient s’ajouter aux 500 militaires français présents dans le pays depuis fin février en réaction à l’invasion russe de l’Ukraine. 

Ce système MAMBA, accompagné d’un Centre de management de la défense dans la 3e dimension (CMD 3D), a été déployé au Centre d’entraînement national à la défense aérienne de Capul Midia, le long de la mer Noire et à quelques kilomètres au nord de Constanta. Certains éléments sont arrivés par avion de transport A400M, d »autres par la route. 

Cet appui supplémentaire « démontre la capacité et la volonté de la France à protéger ses intérêts et ceux de ses alliés en Europe et permet de renforcer le partenariat stratégique qui la lie à la Roumanie depuis 2007, en particulier dans le domaine de la défense sol-air », souligne le ministère des Armées.

Mis en oeuvre par une centaine d’aviateurs, le MAMBA fournit une bulle de protection sur 360° contre les menaces conventionnelles et balistiques. Il est doté de missiles Aster 30, conçus pour traiter une cible dans un rayon d’environ 100 km. Il est par ailleurs « connecté et intégré via une liaison de données tactiques au système de défense roumain et à celui de l’OTAN », ajoute le ministère des Armées. 

https://www.forcesoperations.com/la-france-muscle-sa-posture-en-roumanie/

L’armée de Terre lance le projet « OPTIMUS » pour généraliser l’impression 3D sur les théâtres d’opérations (OPEX 360, Laurent Lagneau)

En 2017, l’armée de Terre avait levé le voile sur ICAR et DEDAL, deux innovations censées faciliter le maintien en condition opérationnelle de ses véhicules [MCO-T]. À l’époque, il s’agissait de projets alors en phase d’évaluation… Cinq ans plus tard, ils se sont concrétisés et les applications qu’ils ont permis de développer commencent à être déployées dans les régiments.

Ainsi, ICAR [Interface de connexion automatique pour le recueil de données technico-logistiques] et DEDAL [Déploiement d’écrans digitaux pour les activités de maintenance hors ligne] permettent de collecter des informations sur l’état des matériels via une tablette ou un smartphone afin de les communiquer ensuite aux maintenanciers. Comment? Grâce à un code barre ou une étiquette RFID [radio frequency identification ou radio identification] servant à identifier chaque véhicule.

En clair, le Bureau maintenance et logistique [BML] n’a plus besoin de saisir une ribambelle de chiffres sur papier, ce qui écarte le risque d’erreur dans leur restranscription lors de leur tranfert vers le [email protected], le système d’information logistique du MCO-T.

http://www.opex360.com/2022/05/22/larmee-de-terre-lance-le-projet-optimus-pour-generaliser-limpression-3d-sur-les-theatres-doperations/

Haute intensité : quand les chefs et les PC jouent leur survie (Lignes de défense, Philippe Chapleau)

Les militaires en campagne sont rustiques mais ils ne refusent jamais un peu de confort : ils prennent leurs aises, ils s’étalent, ils causent trop… Et leurs postes de commandement ont adopté les mêmes mauvaises habitudes, alors que ces PC devraient être « petits, discrets, mobiles et frugaux »​, assure le général Vincent Giraud qui commande les 7 500 hommes de la 2e brigade blindée, héritière de la fameuse 2e DB.

La mort, depuis février, d’une douzaine de généraux russes et d’encore plus nombreux colonels lors de frappes ukrainiennes sur leurs postes de commandement illustre parfaitement les vulnérabilités des PC. Ils constituent des cibles de choix dont la neutralisation permet de paralyser l’action d’une force militaire, en la privant de ses moyens d’analyse, de transmissions et de commandement et même de ses chefs.

Des PC félins

« Nous n’avons pas attendu la guerre en Ukraine pour faire ce constat et réagir »​, assure le général Giraud à l’ombre d’un filet de camouflage tendu entre un quatuor de blindés d’où son état-major pilote l’exercice Strasbourg 2022.C’est un exercice d’état-major certes mais il rassemble, en terrain libre, 150 véhicules et 600 soldats. Le reste : les troupes amies, les forces ennemies, les frappes aériennes, les tirs d’artillerie…, tout est virtuel. « Mais la simulation est extrêmement réaliste »​, assure le commandant Thierry qui pilote le centre opérationnel, terré dans une friche industrielle à Charmes (Vosges). De fait, les radios du PC français témoignent des combats en cours, des pertes amies : « Bleu 4 au contact. Un VBL détruit par tir d’artillerie ; trois blessés »​, de la casse chez l’ennemi : « Trois chars T-72 et un blindé de reconnaissance BRDM détruits » ​et de la menace qu’il fait peser avec, par exemple, ce « regroupement de chars T-90 au sud de Lunéville »​. « Dans le combat de haute intensité, la vulnérabilité des PC est flagrante et leur survivabilité essentielle »​, explique le colonel Lemerle, le chef d’état-major de la 2e BB du fond d’un hangar agricole prêté par un exploitant ravi d’accueillir le PC de la brigade pour une dizaine d’heures. « Les drones et l’aviation nous traquent ; les unités de reconnaissance essaient de nous localiser. Leur objectif : nous détruire ! »​

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2022/05/20/postes-de-commandement-23066.html

 

 

L’Afrique à l’épreuve de la cybersécurité Trois Questions à Gilles Babinet (Institut Montaigne)

Alors que se tenait le 23 mars dernier à Lomé le premier sommet africain sur la cybersécurité, le chef de l’État togolais a rappelé l’importance de développer un cadre juridique et politique unifié pour lutter contre la cybercriminalité sur le continent. Quels sont aujourd’hui les principaux écueils du continent en matière de cybersécurité ? Comment y remédier ? Gilles Babinet, conseiller sur les questions numériques auprès de l’Institut Montaigne, nous livre son analyse.

Le développement de l’économie numérique et l’évolution de la cybercriminalité en Afrique appellent à évaluer ses besoins en matière de cybersécurité. Selon vous, quelles sont les principales faiblesses du continent, et quels besoins rencontre-t-il en matière de cybersécurité ?

D'une façon générale, le continent a un retard significatif en matière de cybersécurité. Par le passé, le recours à des prestataires externes et des offres en "black box" (des applicatifs pour lesquels on ne dispose pas du code source et vendus sur étagère) a souvent été privilégié, notamment du fait du manque de compétence locale pour administrer des solutions plus élaborées. Le continent constitue une cible privilégiée, ce qui est naturel dans la mesure où les cyber-attaquants ont clairement fait l'analyse de cette faiblesse structurelle de l'Afrique en matière de sécurité informatique, qu'il voient comme un "low hanging fruit", c'est-à -dire une cible facile.

Par ailleurs, les audits montrent généralement un niveau d'hétérogénéité au sein du continent supérieur à ce que l'on observe en Europe ou ailleurs, et une plus grande difficulté à mettre en place une gouvernance appropriée. L'Afrique du Sud serait le 3ème pays recevant le plus d'attaques. Cela s’explique par le manque d’investissement du pays dans le sujet, malgré son niveau de développement relativement élevé par rapport aux autres pays du continent. Il existe également une nette différence entre les entreprises dépendantes de multinationales et celles issues d'une croissance organique locale. Les premières ont généralement des normes globales, qu'elles appliquent de façon indifférenciée partout dans le monde. Les secondes ont une culture moins structurée et prêtent moins d'importance à ces sujets de cybersécurité. Cependant, on observe que les pratiques des premières contaminent les secondes, particulièrement depuis la crise du Covid-19, où le nombre de cyberattaques a considérablement augmenté, alors que les travaux de fond sur les sujets de cybersécurité n’étaient pas priorisés.

Alors que le premier sommet africain sur la cybercriminalité s’est tenu en mars dernier à Lomé, autour du thème “Faire de la cybersécurité une priorité absolue pour les États africains”, quelle coopération intra-africaine peut-on envisager pour apporter une réponse souveraine, à la hauteur des enjeux cyber ? Quel peut être le rôle de l’Union africaine (UA) ?

L'UA peut avoir un rôle normatif significatif, en expliquant pourquoi l'exposition des entreprises africaines est un problème de premier plan. Dans la mesure où celles-ci sont souvent liées à des enjeux de ressources essentielles aux chaînes de valeurs mondiales, celles liées aux activités minières et énergétiques en particulier, elles sont plus susceptibles d'être attaquées et doivent donc se protéger de façon accrue. L'UA est ainsi parfaitement dans son rôle en sensibilisant les États et même directement a minima les acteurs systémiques africains.

https://www.institutmontaigne.org/blog/lafrique-lepreuve-de-la-cybersecurite

La Turquie conditionne l’entrée dans l’OTAN à la lutte contre le PKK (Mondafrique,  Nicolas Beau)

Si Recep Tayyip Erdogan a indiqué que son pays s’opposerait à l’adhésion à lOTAN de la Finlande et de la Suède, c’est moins pour complaire à la Russie qu’en raison du manque de collaboration de ces deux pays dans la lutte contre le mouvement kurde, le PKK, ennemi public numéro un de la Turquie.

Lors d’une conférence de presse aux côtés de son homologue algérien, le président Tebboune, très proche des autorités d’Ankara, Recep Tayyip Erdogan indiquait les raisons de son veto à toute intégration de la Suède et de la Finlande à l’OTAN : « Nous ne dirons pas ‘oui’ à l’adhésion à l’organisation de sécurité OTAN de ceux qui appliquent des sanctions contre la Turquie ».

Le président turc faisait référence clairement à un dossier central de la diplomatie d’Ankara: la lutte sans concessions contre le PKK, le mouvement indépendantiste kurde que la Turquie, depuis 1984, considère comme terroriste. Lorsque l’opération militaire « Fontaine de paix » est menée par l’armée turque  en octobre 2019 au nord de la Syrie en octobre 2019 considéré, non sans de solides raisons, comme la base arrière des forces kurdes gangrenées par le PKK, la Turquie se sent bien seule au sein de l’OTAN.

La plupart des pays européens ont ren effet éagi fort mal face à cette intervention. C’est le début d’une brouille sévère entre Erdogan et Macron. Dans la foulée, la Suède et à la Finlande suspendent leurs livraisons d’armements vers la Turquie. Ce sont là les « sanctions » auxquelles fait allusion le président Erdogan dans sa conférence de presse cette semaine pour expliquer son opposition à toute intégration des deux pays européens à l’OTAN.

https://mondafrique.com/la-turquie-conditionne-lentree-dans-lotan-a-la-lutte-contre-le-pkk/

Nucléaire nord-coréen : « Nous sommes préparés à tout », assure le président Joe Biden (20 minutes, avec AFP)

DIPLOMATIE Le président des Etats-Unis effectue pour la première fois depuis son élection une tournée diplomatique en Asie

Joe Biden s’est voulu rassurant. Interrogé juste avant son départ pour le Japon, le président américain s’est déclaré dimanche à Séoul « préparé » à un éventuel essai nucléaire par la Corée du Nord, tout en réaffirmant son ouverture au dialogue avec un singulier message à Kim Jong-un.

« Nous sommes préparés à tout ce que la Corée du Nord peut faire », a-t-il assuré, se disant « pas inquiet » face à un éventuel essai nucléaire. Interrogé par un journaliste qui lui demandait s’il avait un message pour le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, le président a répondu par un laconique : « Bonjour. Point final ».

Des pourparlers au point mort

Une façon de faire savoir que Washington reste ouvert au dialogue avec la Corée du Nord, même en l’absence de réciprocité. Les pourparlers avec Pyongyang sont au point mort depuis l’échec d’un sommet en 2019 entre M. Kim et le président américain de l’époque Donald Trump.

  1. Biden a quitté la Corée du Sud dimanche en début d’après-midi en direction du Japon, autre grand allié des Etats-Unis dans la région et deuxième étape de sa première tournée en Asie en tant que président.

A Séoul, il a fait connaissance avec son homologue Yoon Suk-yeol, un conservateur pro américain arrivé au pouvoir début mai. Les deux chefs d’Etat ont évoqué une intensification de leurs exercices militaires conjoints afin de contrer les « bruits de sabre » de Kim Jong-un.

https://www.20minutes.fr/monde/3294703-20220522-nucleaire-nord-coreen-prepares-tout-assure-president-joe-biden

 

Une forte probabilité de récession aux États-Unis (Télos, Alex Domash, Lawrence H. Summers)

L’inflation américaine ayant atteint 7,9% en février 2022, la Réserve fédérale a décidé lors de sa réunion de mars d’augmenter ses taux de 0,25 point. Le dernier résumé des projections économiques (2022) du Federal open market committee (FOMC), publié lors de la même réunion, prévoit que les taux d’intérêt atteindront 1,9 % à la fin de 2022. En réaction, la plausibilité d’un atterrissage en douceur de la banque centrale sans faire entrer l’économie américaine en récession a fait l’objet de nombreuses discussions.

Le président de la Fed, Jerome Powell, a déclaré aux législateurs, début mars, qu’il pensait qu’un atterrissage en douceur était « plus probable que non ». Les prévisions de mars du FOMC, ainsi que le consensus qui émerge de l’enquête de la Réserve fédérale de Philadelphie sur les prévisionnistes professionnels, confirment cette affirmation : dans les deux cas, l’inflation retombe en dessous de 3% en 2023 et le chômage reste inférieur à 4%.

Pour examiner la plausibilité des prévisions de la Fed, nous examinons ici des données trimestrielles remontant aux années 1950 et calculons la probabilité que l’économie entre en récession dans les 12 et 24 prochains mois, en fonction de mesures alternatives de l’inflation et du chômage. Notre analyse est motivée par le fait que les conditions de surchauffe, comme un faible taux de chômage et une forte inflation, sont généralement suivies de récessions à court terme. Par exemple, Fatas (2021) montre que l’économie américaine n’a jamais connu de périodes significatives de chômage faible et stable comme celles que prévoit le FOMC.

https://www.telos-eu.com/fr/une-forte-probabilite-de-recession-aux-etats-unis.html

Japon: la baisse des exportations chinoises liée au «zéro Covid» fait craindre des pénuries (RFI, avec Brunio Duval, correspondant à Tokyo)

Au Japon, les rayons des magasins sont en train de se vider. En raison de la politique «zéro Covid» de Xi Jinping, les confinements très stricts imposés à Shanghai ou à Pékin notamment ont fortement perturbé le fonctionnement des entreprises chinoises qui exportent leurs produits dans toute l'Asie. Au Japon, les climatiseurs, les cosmétiques, le prêt-à-porter ou encore les photocopieurs « made in China » deviennent des denrées rares. Les ruptures de stock, les retards de livraison et les clients mécontents, c'est le quotidien de ces deux vendeurs, qui travaillent respectivement au rayon électroménager d'un grand magasin et chez un marchand de vélos.« On ne prend plus de commandes pour les lave-linge, les autocuiseurs, les fours à micro-ondes ou les climatiseurs : on demande aux clients de revenir dans un mois. Et on leur dit bien qu'on ne sera peut-être pas livrés avant la fin de l'été », dit l’un de ces vendeurs. « C'est terrible, nos stocks diminuent à vue d'œil. À ce rythme, on risque de devoir fermer boutique dans un mois ou deux : on n'aura plus rien à vendre, reprend l’autre. Et pour ne rien arranger, le cours de l'aluminium s'est envolé depuis le début de la guerre en Ukraine, ce qui va rendre les vélos plus coûteux à l'avenir. Comme si ce problème chinois ne suffisait pas », reprend l’autre.

https://www.rfi.fr/fr/asie-pacifique/20220522-japon-la-baisse-des-exportations-chinoises-li%C3%A9e-au-z%C3%A9ro-covid-fait-craindre-des-p%C3%A9nuries

Entretien avec Laurence Louër - Réformes et transformations du modèle socio-économique des monarchies du Golfe (Les clés du Moyen-Orient, Par Justine ClémentLaurence Louër)

En termes d’introduction, pourriez-vous nous exposer globalement les caractéristiques du modèle socio-économique des monarchies du Golfe avant ses réformes, dans les années 1990-2000 ?

Les monarchies du Golfe sont premièrement des États rentiers. Cette caractéristique implique deux choses. D’abord, leur Produit Intérieur Brut (PIB) est en grande partie composé des revenus des activités liées aux hydrocarbures. Leurs économies étaient traditionnellement peu diversifiées et leurs secteurs gazier et pétrolier étaient dominants, laissant peu de place à d’autres activités. La seconde conséquence est que le budget des États est lui aussi composé à 80-90% des revenus de la vente des hydrocarbures sur les marchés internationaux. La taxation est donc quasiment inexistante. De nombreuses théories existent qui tentent de comprendre les implications politiques de cette absence de taxation. Les monarchies du Golfe sont parmi les États les plus (re)distributeurs du monde, via le développement de nombreux emplois publics, la gratuité du système de santé et d’éducation, les subventions sur l’eau, l’électricité, les produits alimentaires de base mais aussi au logement.

L’autre caractéristique fondamentale du modèle socio-économique de ces États est la présence d’un régime migratoire ouvert. Le Golfe est historiquement situé au carrefour de routes commerciales et a toujours été un espace de circulation intense d’Hommes et de marchandises. La mise en place d’un système de migrations du travail de masse s’observe à partir du début de l’industrialisation pétrolière, dans les années 1930. Parce qu’il n’y avait pas de main d’œuvre industrielle locale, les compagnies pétrolières opérant dans les pays de la rive arabique du Golfe ont cherché ailleurs des travailleurs. Le régime migratoire est « ouvert » dans le sens où les flux de travailleurs sont déterminés par les besoins des employeurs. Aujourd’hui la population des travailleurs expatriés est majoritaire dans quatre des six États du Golfe – au Qatar, aux Émirats arabes unis, au Bahreïn et au Koweït – jusqu’à atteindre près de 90% au Qatar et aux Émirats arabes unis. En parallèle, il y a une très forte segmentation du marché du travail : les expatriés travaillent principalement dans le secteur privé, et sont soumis au système de la kafala. Cette institution régit les relations entre les employeurs et leurs employés expatriés, ces derniers ne pouvant pas circuler librement sur le marché du travail puisqu’ils doivent obtenir l’autorisation de leur kafil (ou employeur) pour changer d’employeur. Pour leur part, les nationaux travaillent surtout dans le secteur public, et notamment dans le secteur gouvernemental (administration), là où les États pratiquent une politique de suremploi. Cette politique est un pilier du contrat social dans les monarchies du Golfe puisque l’emploi public est le principal canal de redistribution de la rente pétrolière, avec de bons salaires, des conditions de travail peu astreignantes et même parfois des « emplois fantômes » dont la fonction est de « déguiser le chômage » comme le disent souvent les Golfiens eux-mêmes. L’objectif est aussi de donner un emploi à chaque homme – avec lequel il peut subvenir aux besoins d’une famille nombreuse. Il est à noter que les États du Golfe ont pu développer ce modèle aussi parce qu’ils ont une faible démographie, contrairement à des géants démographiques comme l’Iran ou l’Irak.

Le système de la kafala est finalement extrêmement profitable pour les employeurs parce qu’il garantit un faible coût du travail. Directement recrutés dans leur pays d’origine, les migrants viennent souvent de pays où les salaires et les conditions de travail sont médiocres et, en les privant de la possibilité de changer d’emploi librement, la kafala limite grandement leur possibilité de négocier leur contrat ou leurs conditions de travail. Le secteur privé est très attaché au système de la kafala parce qu’il lui garantit une main d’œuvre abondante, qualifiée (par rapport aux nationaux), bon marché, et surtout, « captive ».

https://www.lesclesdumoyenorient.com/Entretien-avec-Laurence-Louer-Reformes-et-transformations-du-modele-socio.html

 

 

Une nouvelle juridiction pour résoudre les « cold cases » (Police nationale – nouvelles)

Les dossiers criminels sériels ou non élucidés jalonnent l’histoire judiciaire. La France fait partie des rares pays à ne jamais renoncer à trouver l’auteur d’un crime. Chaque année, des pistes d’enquête sont reprises, des scellés réétudiés ou des scènes de crime à nouveau fouillées par les services spécialisés de la police nationale. Avec l’appui de la police scientifique, l’office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) de la police judiciaire, entité de la police nationale, traite les cold cases et crimes sériels. Avec la création d’une nouvelle juridiction nationale basée au tribunal judiciaire de Nanterre, l’office entend donner un nouvel élan à certaines enquêtes.

L'expertise de la police judiciaire de la police nationale spécialisée au service de l’investigation

Créé en 2006, l’office central pour la répression des violences aux personnes de la direction centrale de la police judiciaire est composé de 80 effectifs hautement spécialisés : enquêteurs de la police et de la gendarmerie, psycho-criminologues, analystes criminels. Ce service d’investigations a pour mission, d’une part, d’analyser les dossiers criminels d’une particulière gravité et d’autre part, d’effectuer des enquêtes, seul ou avec d’autres services de police.

À ce titre, l’OCRVP recense et analyse toutes les affaires non résolues afin d’identifier celles qui pourraient être réexaminées, notamment à la lumière des progrès scientifiques. Les groupes spécialisés d’enquête traitent de trois thématiques majeures en la matière : crimes complexes, disparitions criminelles et crimes sériels.

https://www.police-nationale.interieur.gouv.fr/Actualites/L-actu-police/Une-nouvelle-juridiction-pour-resoudre-les-cold-cases

 

 https://d3n8a8pro7vhmx.cloudfront.net/ihednaquitaine/pages/525/attachments/original/1609613038/Articles_de_fond_2021.gif?1609613038

La Commission européenne reproche à 13 États de ne pas avoir transposé la directive sur le droit d’auteur (Euractiv,  Molly Killeen  translated by Arthur Riffaud)

La Commission européenne a adressé des mises en demeure à 13 pays, leur demandant de transposer la directive européenne sur le droit d’auteur, près d’un an après l’échéance. Des avis motivés ont été envoyés aujourd’hui à la Belgique, la Bulgarie, Chypre, le Danemark, la Grèce, la France, la Lettonie, la Pologne, le Portugal, la Slovénie, la Slovaquie, la Finlande et la Suède, pour les réprimander de ne pas avoir transposé la directive sur le droit d’auteur dans leur droit national. Les avis motivés sont des communications officielles de la Commission indiquant qu’un pays ne remplit pas ses obligations en vertu du droit de l’UE, et font office d’appel officiel à la conformité. La directive de 2019 sur le droit d’auteur a réformé le droit d’auteur de l’UE dans le contexte de l’essor des grandes plateformes en ligne. En avril 2022, la législation avait été transposée par 12 États membres, dont trois seulement, l’Allemagne, la Hongrie et les Pays-Bas, ont réussi à le faire avant la date limite du 7 juin 2021, Malte les ayant rejoints peu après.

https://www.euractiv.fr/section/economie/news/la-commission-europeenne-reproche-a-13-etats-de-ne-pas-avoir-transpose-la-directive-sur-le-droit-dauteur/

Sébastien Lecornu, plus jeune ministre des Armées depuis la Révolution française (le JDD, Gaël Vaillant)

Sébastien Lecornu a été désigné ministre des Armées dans le gouvernement d’Élisabeth Borne. À 35 ans, il est le plus jeune ministre de la Défense depuis la Révolution française.

C’est une promotion impressionnante pour celui qui est devenu l’un des piliers de la Macronie. Sébastien Lecornu a été nommé vendredi ministre des Armées dans le gouvernement d’Élisabeth Borne. Transfert de la droite et fidèle soutien d’Emmanuel Macron depuis 2017, il n’a eu de cesse d’être promu tout au long du premier quinquennat : d’abord secrétaire d’Etat à la Transition écologique, il est devenu ministre des Collectivités territoriales puis des Outre-mer . Inconnu du monde des armées, le nouveau locataire de l’hôtel de Brienne va remplacer Florence Parly.

Il sera à la tête d’un ministère qui bénéficie depuis 2017 d’une forte remontée en puissance de son budget mais qui craint de futurs arbitrages défavorables au vu de la dégradation des finances publiques. En outre, deux dossiers brûlants l’attendent : le retrait des militaires français du Mali et la guerre en Ukraine.

Jacques Chaban-Delmas, jeune ministre de la Défense avant lui

Fait anecdotique : né le 11 juin 1986, Sébastien Lecornu, âgé donc de 35 ans pour encore quelques jours, est le plus jeune ministre des Armées de la France depuis 1792 et Pierre Auguste Lajard, un officier de l’Ancien Régime qui a joué un rôle clé pendant la Révolution française et qui a été ministre de la Guerre pendant quelques mois. Au moment de sa prise de fonction, Lajard était alors âgé de 35 ans depuis trois mois. Avant lui, seuls trois ministres de la Guerre ont été plus jeunes : Charles-Xavier de Francqueville d’Abancourt (âgé de 34 ans en 1792 quand il prend le poste), Charles-Alexis Alexandre (âgé de 34 ans en 1793, mais qui été ministre pendant… une seule journée) et surtout Lazare Hoche, qui détient le record (âgé de 29 ans quand il a été ministre en 1797, poste qu’il ne garde que deux semaines). Après les soubresauts de la Révolution française, le ministère de la Guerre, des Armées ou de la Défense - la dénomination est changeante selon les époques - a souvent échu à des personnalités politiques ou des généraux âgés de plus de 50 ans. Un seul autre trentenaire a eu le poste dans l’histoire de la République : Pierre-Henri Teitgen, 39 ans, a été nommé ministre des Forces armées en octobre 1947, portefeuille qu’il conserve jusqu’en juillet 1948 dans la IVe République naissante. Plus célèbre, Jacques Chaban-Delmas avait 42 ans quand il a été désigné à ce poste en 1957.

https://www.lejdd.fr/Politique/sebastien-lecornu-plus-jeune-ministre-des-armees-depuis-la-revolution-francaise-4112708

 

 

Décret du 20 mai 2022 relatif à la composition du Gouvernement

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000045819551

 

RETROUVEZ L’INTEGRALITE DE LA REVUE DE PRESSE DEFENSE

SUR LE SITE DE L’UNION-IHEDN, en cliquant sur le lien :

http://www.union-ihedn.org/les-actualites/revue-de-presse/

 

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  • Olivier Garrigues
    published this page in Actualité 2022-05-22 22:52:02 +0200
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